La logorrhée silencieuse de la discrimination

Publié le par Paul Bonhomme

La logorrhée silencieuse de la discrimination

Dans le carré de toile qui nous protège de la tempête, j’écoute le vent tomber puis revenir en rafales. Je ne vois plus rien, je n’arrive plus à ouvrir les yeux alors j’écoute … la respiration de mon ami qui va mourir, le crissement des épines de neige qui s’efforcent de déloger mon esprit en vadrouille, qui s’évade à la paix, qui s’envole au loin vers ceux que j’aime, ceux que j’ai aimé, ceux que je ne connais pas encore et que j’aimerai tant aimer.

J’écoute le silence assourdissant de la tempête qui s’apaise pour mieux se déchainer.

Aujourd’hui j’ai peur.

Parce qu’à force de trop écouter le silence, le bruit à tout envahit. Le bruit des bottes, lourdes d’intolérance, de guerres, de jalousies, de pouvoir.

Aujourd’hui je crie face au silence, en vain. Aujourd’hui je crie parce que « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie »* .

Aujourd’hui je ne supporte plus la logorrhée silencieuse de la discrimination.

Ne monterais-je donc sur ces cimes inhospitalières que pour mieux fuir ce qui me fait tant peur ?

Ne chercherais-je le silence que pour mieux ne plus entendre que dehors, la tempête gronde ?

Il ne faut plus se taire face à la haine, il faut la prendre à bras le corps, il faut la boxer jusqu’à l’épuisement, jusqu’au KO. Redescendons de nos cimes, plongeons nos corps éperdus dans la bataille. Nous les utopistes, nous les humanistes, les rêveurs, nous avons tellement de soupirs à rattraper, quand allons-nous nous décider à vider nos poches de nos perles de silence ?

Nous les taiseux des montagnes, les étoiles à la place des yeux, nous avons le devoir de révéler que ce que nous contemplons tous les jours de là haut est un monde vaste, infini et sans aucune frontières.

*Blaise Pascal

Commenter cet article