« Combien généreuse est la vie pour l’homme...

Publié le par Your.mountains

« Combien généreuse est la vie pour l’homme,
mais combien l’homme se tient éloigné de la vie ! »
Khalil Gibran

 

 

 « Le biberon était tendu à bout de bras, le lait jaune s’écaillait sur les bords souillés entre les doigts sales de la jeune femme.

Son bébé pleurait, elle pleurait aussi.

Je répondis à leurs pleurs en baissant les yeux au sol, jonché de détritus. Elle me retint un moment par le bout de ma chemise fraîchement lavée.

Je me mis à courir, honteux.

Quelques mètres plus loin, essoufflé, je me retournai. Le biberon se tendait de nouveau sous d’autres regards apitoyés.

J’aurais voulu l’aider mais déjà d’autres bras se tendaient, d’autres bébés couverts de l’onguent répugnant de la misère.

De chaudes larmes montaient en moi mais mes yeux demeuraient secs, d’une sécheresse indélébile. »

Kathmandu, Népal, le 10 septembre 2007.

 

Il n’existe pas d’échelle de tristesse. Pour autant, lorsque mes yeux s’humidifient en m’apitoyant sur mon sort, je ne peux m’empêcher de penser à ce biberon tendu.

10 de mes collègues sont décédés cet hiver en montagne, combien d’hommes meurent tous les jours en essayant simplement de vivre ?

Il n’existe pas d’échelle de tristesse mais lorsque je regarde en arrière, lorsque la peur m’envahit ou encore l’amertume, j’essaye de voir la chance que j’ai, qui me suit, qui me précède, et mon cœur se remplit alors d’une humidité nouvelle : l’humilité.

Il n’existe pas d’échelle de tristesse pourtant il faut bien se rendre compte que nos soucis ou nos exploits peuvent paraître, au regard du monde, bien anodins !

 

« Ne nous targuons pas d’éloges sur la hauteur de nos cimes.

Car dans la chambre désuète que nous offre l’hôtel de la vie ne restent à la fin que des draps propres, sans odeurs et deux serviettes lavées fraîchement, blanches le plus souvent et pliées en quatre. »

Cercier, décembre 2008.

 

Au moment de reprendre la route il me parait fondamental de prendre conscience de mes actes. Car au-delà de ce que l’on dit, de ce que l’on fait ou de ce que nous avons déjà accompli, le plus important est encore de vivre, persister à exister.

 

A la fin il n’y aura pas d’exploits, juste une envie de vivre et de crier la vie, un verre de vin dans une main et l’autre tirant la chaise, invitant l’inconnu à partager un simple moment de bonheur.

 

Une des réponses à la question de l’utilité de ce que nous faisons là-haut peut être d’humblement essayer de nous rapprocher de la Vie. 

 

 

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