Au pays des Hommes ...
« Vous savez, nous comptons sur vous et sur toutes les valeurs que votre métier porte en lui pour nous aider … il existe tellement de malheurs dans ce monde, il faut que vous vous mettiez en avant, il faut que vous nous montriez la voie … » c’est à peu de chose près ce que nous confiait mme Carteron en marge de l’hommage posthume à Hervé Gourdel, décerné lors du forum de Crans Mantana, en octobre dernier. (http://cmf.ch/fr/news/current-news#news-8211)
Alors nous voilà, nous les guides, chargés d’une mission qui dépasse les montagnes.
Mais qu’est-ce que cela veut dire au juste, qu’est-ce qu’on pourrait en faire, concrètement ?
L’idée ?
L’idée c’est que notre métier et au-delà, la montagne qui est notre support, notre outil de communication, notre guide, devienne une référence sociale forte, prépondérante.
L’idée c’est que le monde de la montagne devienne un support pour mettre en avant des valeurs inestimables et qui font, pour un grand nombre de personnes directement concernées (les chefs d’états et hommes politiques de haut rang que nous avons croisés lors de ce forum par exemple), cruellement défauts.
La solidarité, le partage, l’humilité, le désintérêt … l’humanisme porté par le milieu de la montagne, par les individus qui la compose, qui la pratique et qui, lors de ce fameux jour de septembre, a été révélé au monde entier jusqu’à l’écoeurement.
Nous avons maintenant le devoir de nous ouvrir, de nous tourner vers ceux qui nous observent, qui nous regardent souvent avec respect, nous avons le devoir de leur dire, leur expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons.
Nous ne pouvons plus rester perché là-haut, loin des foules, nous ne pouvons plus nous permettre de garder pour nous l’expérience du vide, de la splendeur, de l’émotion muette, du regard vers l’infini.
Oui là haut il se passe des choses particulières qui vous remue le ventre et vous secoue les tripes.
Qui vous tiennent en vie.
Tendre la main comporte des risques, nous pourrons être mal compris, nous pourrons être regardé de travers, nous pourrons être jalousés.
Ou peut-être avons nous juste peur que le monde s’aperçoive finalement que nous ne sommes pas meilleurs que lui ?
Mais avons-nous déjà tenté l’Aventure ? Avons-nous tenté ne serait-ce que de se mettre à sa hauteur, comme lorsqu’un père s’agenouille devant son enfant ? Avons-nous déjà mis de côté nos exploits et notre arrogance ? Avons-nous déjà essayé d’expliquer ce que c’est de risquer sa vie au delà des morts ? Risquer l’ouverture, l’engagement, le partage, l’encordement, le renoncement ?
Avons-nous déjà pris le risque de vivre réellement le retour dans la vallée, au pays des hommes ?