Du dopage en altitude ...

Publié le par Paul Bonhomme

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Les sangles de mon sac à dos claquent au vent. Dans un vacarme assourdissant les épines de glaces s’efforcent de briser mon masque solidement callé sous ma capuche qui ressemble à de la tôle, froissée. Encore quelques pas et je serai arrivé, encore quelques pas et j’exulterai d’un bonheur sans nom, solitaire, égoïste, obsessionnel.

Mes pensées voguent dans la tourmente, entre crainte et euphorie, entre réalisme et délire. Je regarde mes pieds tituber dans la neige froide et dure, je regarde ma vie avancer comme un revenant sans son armure, sortant de sa tombe et ne sachant où aller.

C’est le paradoxe de l’altitude. C’est la liberté, enfin ! … dans laquelle je m’égare.

 

L’alpinisme, contrairement à la plupart des activités humaines, n’est pas rentable. Le sommet d’une montagne ne ressemble à aucun autre objet humain : on risque la mort en y montant et lorsqu’on en descend victorieux, souvent on se perd.

Parce que le fil est brisé, parce que ce que nous croyions être la vérité est remis en question.

Ce qu’on descend des cimes n’est pas une victoire, c’est un corps nu, dépourvu de tous les oripeaux qui nous permettent de survivre en société. Ce qu’on descend des cimes, c’est ce qui nous fait mal-être.

 

Alors je me pose la question suivante : pourquoi mentir ?

 

Aucun alpiniste qui ment n’est crédible. Non pas parce que nous n’allons pas le croire, certains menteurs sont virtuoses, mais plutôt parce que la seule victime de son mensonge c’est lui même. Parce qu’il a tellement peur d’avouer qu’il ne descend rien de là haut qu’il charge ses bras de chimères. Et qu’avec force il s’y accroche … jusqu’à en mourir.

 

Nous pouvons bien pratiquer l’alpinisme pour l’exploit, nous pouvons courir, mentir, tricher, nous pouvons bien nous raconter des tonnes d’histoires, à la fin nous resterons seuls, ne sachant pas où poser nos mensonges.

 

La vérité là haut n’est pas faite pour les autres, elle est solitaire, égoïste, obsessionnelle.

La vérité là haut ne sert à rien … si ce n’est à resté en vie.

 

Paul Bonhomme

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<br /> Merci Paul pour nous avoir fait découvrir toutes ces sensations, ces sites magiques et surtout pour ta bonne humeur et cette patience qui nous a permis d'avancer en oubliant tous nos maux.<br /> Amitiés à tous ceux qui ont participé à cette aventure. Nanou et Mimi<br /> <br /> <br />  <br />
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P
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