1000 mètres ...

Publié le par Paul Bonhomme

Skier dans des pentes raides a ceci de commun avec la très haute altitude que cette activité est dotée d’un fort pouvoir d’addiction.

Il faut le savoir, en mesurer les implications.

Parce que dans les deux cas, l’engagement est total et qu’aucune erreur n’est possible.

J’ai touché du doigt les limites hier. En enchainant deux voies extrêmes dont les difficultés sont concentrées sur le bas de la pente, je suis aller chercher loin autant physiquement que moralement.

Et cela n’a rien d’anodin.

La préparation de ce genre de projet est essentielle.

Hier, cela a fonctionné.

Parce que j’y suis allé en me disant que je pouvais renoncer à tous moments, parce que je me refusais de penser à ce que j’allais faire, que je pensais uniquement à ce que j’étais en train de faire, pas après pas, virage après virage.

Parce que mon expérience m’a permis de préserver une marge de sécurité suffisamment grande.

Parce que, et on ne le dira jamais assez, un rêve se prépare minutieusement.

Repousser les limites, proposer autre chose, vivre son expérience personnelle …

Oui, d’abord pour soi, égoïstement, parce qu’on aime cela, parce que quoiqu’il se passe, même et surtout dans l’échec, cela nous fait avancer, cela nous grandit.

Voilà pourquoi je fais cela.

Hier, cela a fonctionné.

Mais, parce que nous sommes tous différent, cela ne doit pas être un exemple.

Chacun peut écrire sa propre légende personnelle, et il n’est pas nécessaire que celle-ci soit extrême.

Aujourd’hui je suis fatigué, épuisé, vidé, je ne sais plus si je dois partager mes rêves. Un jeune s’est tué de sa passion hier, alors que de mon côté je vivais la mienne, intensément.

Et cela n’a rien d’anodin.

Il y a vingt ans mon frère se tuait de sa passion sur les pentes du Gasherbrum 6.

 

Partager mes rêves, poser des étoiles dans le regard des autres, c’est ce qui me fait vibrer, mais les courbes que je laisse sur le flanc des montagnes ont parfois un goût bien amer …

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