La dame au bord de la route.
Le feu était rouge sang,
j'attendais de me mettre au vert
la musique à fond dans la bagnole déglinguée.
Elle ?
Elle attendait que quelqu'un l'aide.
Son visage s'éclaira d'un sourire.
Au début évasif,
il se transforma en rire,
un rire corporel, un rire sensitif.
Dans son fauteuil, l'acier brilla d'un feu nouveau.
Elle ne pouvait bouger, pourtant tout s'agitait dans ses yeux,
paraplégiques.
Au bord de la route, sur ce bout de trottoir infranchissable
une statue se mit à danser
d'une danse intérieure.
Se livrant sans peur
au son de la musique inconnue.
Lorsque tout à coup la file s'ébroua
je ne voulais plus partir.
Je voulais danser avec elle, l'aider à s'enfuir.
Appuyant d'instinct sur l'accélérateur, je montais le son
et cru voir sur le bord de la route un regard me remercier
pour cet instant d'éternité.
Sur ma joue s'écroula une lame,
la gorge serrée entre joie et tristesse.
Je la vis une dernière fois dans le rétroviseur,
elle semblait danser encore sur son fauteuil,
pleine d'une certaine allégresse.
Sans mots dire elle m'avait appris,
qu'au bord de la route
rien n'était impossible tant qu'existait la vie.
Souvenirs de Grenoble, août 2005.