Le nom de l'Homme à terre : plaidoyer pour la Liberté.

Publié le par Paul Bonhomme

Le nom de l'Homme à terre : plaidoyer pour la Liberté.

Agenouillé.

Agenouillé les mains nouées. Dans le dos.

Le sol battu à terre, les cailloux aigus s’enfoncent dans tes rotules au rythme du bras qui frappe. Le sang coule, sort de ton corps en même temps que tes cris.

Tu ne regardes plus le vide, la douleur est trop forte. Tu ne pleures plus non plus, tant ta douleur est sourde. Tu ne te plains pas, tu n’en n’as pas la force.

Le fouet gicle et vient exploser sur ton dos sans défense. Tu cris encore, tu hurles plus fort.

Le monde regarde ce qu’il reste de toi et, comme de ton corps se dérobe ton sang, son regard se vide.

Je ne te connais pas. Je ne te connais pas et pourtant je pleure. Oui je pleure les larmes qui t’ont quitté il y a longtemps, il y a cinq minutes, lorsque tu pouvais encore parler.

Au delà de la haine qui te déchire à présent, je ne te connais pas et pourtant je pleure.

Parce que les hommes qui te massacrent ont oublié qu’un jour ils avaient aimé. Ils ont oublié qu’un jour toi aussi tu avais été autre chose que ce corps qui saigne à en vomir, que toi aussi, il y a peu, tu les aimais.

Je ne te connais pas, il n’y a pas de raison : le soleil me torture alors que toi, toi il t’illumine. Je ne te connais pas, cependant qu’à tes cotés je suis prêt à tendre le dos à l’intolérance. Pour te soulager. Un peu. Peut-être.

Ils n’ont pas appris l’autre, il faut les comprendre. Ils ne savent pas encore qu’il ne sert à rien de punir pour abolir la peur. Leur peur.

Nos peurs.

Les coups se sont arrêtés. Aussi violemment qu’ils avaient commencé, la foule s’en va.

Mais, je vois que tu lèves de nouveau tes yeux maintenant, je vois tes larmes que seul essuie la poussière qui se lève au vent.

Est-ce moi que tu regardes ? Est-ce moi que tu accuses d’un regard d’une si grande tristesse ?

Dis-moi martyr, dis-moi torturé, abandonné, à genoux, que veux-tu me dire et quel est ton nom ? Du bout de ses lèvres asséchées de souffrance, l’ombre de l’Homme à terre répondit alors :

« Liberté »

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T
tres emouvante
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Y
le droit a la vie le droit a la liberte
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