Le premier matin du monde
Peu importe qui nous sommes et d’où nous venons, au premier matin du monde, nous étions tous semblables.
Au moment de s’encorder la tension est la même, le débutant est tout autant responsable que l’expérimenté, et c’est uniquement sur cette base qu’une cordée peut avancer. Certes le guide prend les décisions, mais celles-ci doivent prendre en compte les capacités et les motivations de tous.
En descendant de Schonbielhutte.
Il en va ainsi dans la vie, seul le désir et le respect nous permettent d’aller de l’avant, le désir de vivre, plus fort que tout.
On ne part pas là haut pour se charger d’exotisme, ni pour se chooter d’une adrénaline mal placée mais plutôt pour le plaisir d’être, d’exister, en harmonie avec une nature toute puissante, seule juge de notre passage sur terre.
Passage de crevasse sur le glacier du Stockji.
« Eh bien débrouille-toi, intrépide ! Intrépide et stupide, avance. Risque d’être jusqu’au bout. » Jean Cocteau.
Le temps ensuite ponce les différences doucement, si on évacue le stress de l’inconnu, si on accepte que l’autre, quel qu’il soit, tienne notre vie entre ses mains.
Tomber dans la crevasse n’est plus alors un risque hasardeux, être faible ou fatigué n’est qu’une ombre passagère soulagée par le support des autres, nous ne pouvons plus avoir soif dès lors qu’une main se tend !
Encordés au Cervin.
« Où est passé le poing quand la main est ouverte ? » Allan Watts.
Voilà peut-être encore un des buts qui nous emmène si haut, si loin : la solidarité.
Sébastien sous l'oeil de la dent d'Hérens.
Lorsque le soleil s’élève et que nous sommes déjà loin sur le glacier, lorsque 7 paires d’yeux se lèvent et s’illuminent d’un même rayon de bonheur, à ce moment précis j’ai la sensation que nous nous retrouvons tous, unis face au premier matin du monde.
Merci à Christine, Sébastien, Sébastien, Erwann, Daniel et Marie pour cette haute route particulière!