A line in the sky ...

Publié le par Paul Bonhomme

A line in the sky ...

 

 

A line in the sky …

 

Il n’y a rien qui brille plus dans le ciel que les étoiles. Certaines, déjà éteintes, persistent pourtant telles des empreintes intemporelles.

 

18 juin 2008 Jean Noël Urban disparaît au Gasherbrum 1, 28 juin 1998 Nicolas Bonhomme tombe sur les pentes du Gasherbrum 6 … Juin 2018, bientôt les dates qui sonneront comme des cicatrices ouvertes, béantes, saillantes épines me rappelant sans cesse qui je suis et d’où je viens.

 

Depuis la première journée de cette année si particulière, depuis bien avant même, j’avais pensé faire quelque chose de ces dates. J’avais pensé marquer ma vie au fer de l’amour et marquer le monde au nom de ce que j’aime, au nom de ceux que j’aime.

Jean Noël mon ami … Nico mon frère : sachez déjà que vous brillez encore, peut-être même encore plus fort que jamais.

 

J’ai commencé tout ceci par une idée : rendre hommage … non pas comme on entre en pèlerinage, ni même en commémoration, en anniversaire ou en souvenir. Non, je souhaitais vous rendre hommage en écrivant une histoire, en essayant de réécrire ce que vous aviez commencé. A ma manière, avec mes armes et toujours en exacerbant la vie que vous aimiez tant …

 

Alors je me suis mis au travail, patiemment et avec acharnement.

Après avoir effectué la première traversée des Aravis par les arêtes en moins de 2 jours à l’automne 2017 avec le projet « 48 heures », j’ai attaqué l’entrainement :

  • Novembre 2017 : plus de 400 kms de trail 
  • Décembre 2017 : préparation du projet « 4 faces », mise en place de ce qui deviendra un semblant de stratégie > d’abord la technique, puis le physique et enfin un retour technique et physique pour affiner … 
  • Janvier 2018 : plus de 300 kms de trail et premières pentes > Éperon des éphémères 5.4/E4 ; Jardins Suspendus 5.5/E4
  • Février 2018 : enchainement de pente raides > 1ères répétitions et 1erenchainement sur la face Nord du Tardevant : voies Stéphane Brosse 5.5/E4 et Terre de vent 5.5/E4 dans la même journée ; 1èreà la face sud du Charvin : Aux Rêveurs 5.5/E4 ; 2èmerépétition d’Arav’extrem 5.5/E4 ; 1èreen face est du Trélod : voie Pop 5.4/E4 ; 1èreaux arêtes du Mont : variante Feu Follet 5.5/E4
  • Mars/Avril 2018 : je fais le boulot de guide et m’entraine dès que possible en avalant du dénivelé après les journées de raid à skis allant jusqu’à plus de 3500m de dénivelé/jour.
  • Mai 2018 : le projet en point de mire, je reprend l’entrainement sur les pentes en signant la probable 2de descente intégrale de la voie des Autrichiens aux Courtes 5.5/E4 en partant du parking et 2 jours plus tard la probable 3èmerépétition et l’ouverture d’une variante originale rive gauche du couloir Lagarde aux Droites 5.5/E4 (toujours en partant du parking). 3 jours plus tard, je fais un allerretour à l’Aiguille Verte par le Nant Blanc pour repérer la voie. Je n’ai hélas pu skier que les 300 mètres du haut, j’ai descendu le reste à pied.
  • 18 mai 2018 : je suis le premier à tenter le projet de gravir et descendre lors d’un enchainement unique les 4 faces de l’Aiguille Verte dans la journée en partant de la vallée. Bilan : 19h pour … monter par le Couturier, descendre à skis le Whymper 5.3/E3, monter à la brèche du Cardinal et en descendre 5.2/E3, monter le Y de gauche et, à défaut du Nant Blanc pour cause de mauvais temps, redescendre le Couturier 5.4/E3.  

 

Je ne doute pas qu’un jour quelqu’un fera plus ou mieux ou autrement cependant l’idée, l’énergie et les réalisations effectuées resteront marquantes. Plus d’une dizaine de pentes dont 8 dans les cotations les plus élevées qui existent (5.5/E4 : soit soutenu et long dans le 50° ou plus et avec une exposition maximale), 3 premières dont 2 extrêmes, un enchainement unique sur l’Aiguille Verte, sommet emblématique de la pente raide…

Jeanno, Nico, j’espère de tout cœur que cet hommage restera gravé dans l’histoire du ski de pente raide, cette histoire que vous aviez marquée vous même à votre époque par vos réalisations et par la manière dont vous les réalisiez, juste un peu plus libres …

C’est bien cela qui m’importait cette année : vous offrir un cadeau ! Et quoi de plus beau comme cadeau à vous offrir que de marquer 2018 de votre empreinte intemporelle … et de rester en vie.

 

Une ligne dans le ciel, c’est ce que nous écrivons ensemble, ce sont toutes ces étoiles que nous essayons tous de relier tous les jours et qui à la fin écrivent une histoire, notre histoire.

Merci à vous d’avoir été à mes côtés, merci à vous d’être encore là, à chacun de mes pas, à chacun de mes virages … sachez, où que vous soyez, que je vous aime.

 

 

Et maintenant ?

L’histoire ne s’arrête pas là, ce n’est pas un anniversaire qui pourrait clore une histoire. Il reste encore tant de lignes à écrire, tant d’étoiles à relier.

La montagne nous offre cette chance unique de construire nos libertés alors je compte encore longtemps m’y exprimer et partager tout l’amour qu’elles me donnent.

Parce qu’il n’existe ni début ni fin à une ligne, parce que lorsqu’on perd le fil ou qu’on le quitte, quelqu’un d’autre sera là pour le reprendre … c’est ce qu’on appelle la VIE.

 

Comme pour la pente cet hiver, il existe encore bien des manières pour s’exprimer par là haut. De mon côté j’aime courir les arêtes, ces lignes frontières posées sur le vide, j’aime mélanger les genres entre l’Alpinisme et le ski l’hiver, entre l’Alpinisme et le trail l’été.

 

J’irais donc, si les conditions le permettent, essayer de poser mes pieds et mes mains sur l’une des arêtes les plus emblématiques des Alpes : du sommet du Rateau (3809m) à celui du pic Gaspard (3881m) en passant par la « reine » Meije (3983m). Une ligne magique, encore une, et essayer de la traverser d’un jet, sans arrêt, comme un voyage au long cours …

… comme une histoire de plus dans le ciel étoilé.

 

A bientôt donc !

Paul Bonhomme, Cercier, le 10 juin 2018

 

Projet « La traversée de la Reine » (The Queen line) :

  • Départ de La Grave, 1400m
  • Montée au Rateau ouest par l’arête N/NO (AD)
  • Traversée intégrale du Rateau (D) jusqu’à la brèche de la Meije
  • Montée à la Meije par l’ « arête de la brèche » puis la traversée des arêtes (AD)
  • Traversée MeijePavé-Gaspard (AD)
  • Redescente à La Grave par l’Alpe de villar d’Arêne 

Longueur de la partie « escalade » de l’arête : 6 kilomètres

Distance totale : environ 40 kms

Temps estimé : un objectif de 24 heures, plus ou moins 3 jours ;-) ;-) ;-)

 

 

 

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